La métaphysique du transpersonnel
« La métaphysique du transpersonnel » est la 8ème et dernière partie du livre « Les psychothérapies transpersonnelles »
-> Lire la partie 1 « La maladie, sens ou non-sens« , la partie 2 « Le soi principe directeur de la psychothérapie et du transpersonnel« , la partie 3 « Le transpersonnel et la psychothérapie« , la partie 4 « Les étapes du processus thérapeutique« , la partie 5 « Les niveaux du transpersonnel« , la partie 6 « Le dépassement transpersonnel« , la partie 7 « Les psychothérapies transpersonnelles«
1. L’objections freudienne
Pour Freud, le nourrisson ne différencie pas son MOI du monde extérieur puis il construit son moi, qui n’est qu’un résidu des notions d’illimité et d’union avec le grand tout. Pour lui, les mystiques confondent le concept d’infini avec le souvenir du sentiment océanique (du vécu utérin pour certains), ou un rappel hallucinatoire de la tétée autrement dit des régressions à des périodes très précises de l’enfance. Les mystiques construisent des mythes et des idéaux pour surmonter l’angoisse de la mort.
Mais face à la transformation du vécu sur la mort avec les expériences de mort imminente ou NDE, leurs arguments sont pauvres. Freud avoue même que la mystique lui est aussi fermée que la musique. Mais sa phobie musicale ne condamne pas pour autant la beauté et la vérité de l’univers musical, sinon on en resterait au stade de l’aveugle qui nie l’existence des couleurs. Par ailleurs les délires mystiques ne devraient pas décrédibiliser pour autant la mystique. C’est pas parce que des fous se prennent pour Einstein ou Léonard de Vinci que ces personnages n’ont pas existé ! Ceci est évidemment valables dans tous les domaines (scientifiques, politiques, religieux, artistiques).
Donc le postulat de Freud n’est pas faux mais simplement réducteur, car l’impact du vécu utérin conduirait alors à 2 types de régression, soit en état mystique soit en état psychotique. Il s’agirait donc pour tous de retrouver la toute première expérience originelle de l’Etre.
2. L’origine de la vie
Contrairement à Grof, Leboyer (qui a influencé le rebirth) considère que le vécu utérin est idyllique et la naissance traumatique (qui provoque les détresses néo-natales).
Le transpersonnel donne alors plutôt une vision d’ensemble réunissant les visions idylliques et traumatiques. 4 cas de figure sont possibles dans la rencontre entre la mère et l’enfant. Ce sont des corps communicants (1 fois assimilé, 1 minute plus tard dans le corps de l’enfant), des esprits communicants (l’enfant hériterait de l’inconscient de sa mère dans leur phase commune de rêves à partir du 7ème mois).
1. la grossesse est tellement agréable que l’accouchement se fait après le terme (surtout le cas de garçon)
2. la mère cherche inconsciemment à avorter (maladie, imprudence…), enfant non désiré. C’est le malaise pour l’enfant et la guerre est déclarée.
3. C’est l’enfant qui empoisonne la mère (du masque de grossesse au kyste mortel). L’enfant veut sortir de sa prison. Tendance à la claustrophobie et à la fugue.
4. Lutte constante entre les 2, c’est le cas des prématurés, tous les 2 veulent en finir.
De ces 4 cas de la vie utérine vont découler sur l’amour ou la haine dans les étapes suivantes jusqu’à la délivrance :
- les contractions : il existe aussi des contractions douces ou celles qui peuvent aussi être vécue comme une aide pour le fœtus qui veut sortir.
- le passage dans le vagin : souvent mal vécu (cauchemar où on est coincé dans un tunnel, une cheminée) et expérience traumatisante (sortie par le siège, cordon autour du cou, épisiotomie, déchirure). Lors d’une 1ere grossesse, il faut forcer le passage, ensuite c’est beaucoup plus élargi
- la délivrance : elle est aussi bien positive que négative. A noter que l’accouchement est de moins en moins naturel (les césariennes, les produits chimiques bloquent ou déclenchent le processus en fonction des congés des accoucheurs…). L’enfant manque alors du sens de l’effort et tout lui est du.
L’haptonomie est une pratique qui permet de rentrer en contact avec le foetus de manière tactilo-kinésthésique et d’améliorer le vécu utérin. Le fœtus sait alors qu’il existe un monde extérieur et un autre que la mère. Ces enfants sont plus ouverts, forts et dynamique.
Considérer la réincarnation ouvrent des perspectives plus larges encore. Bien des vies sont la répétition des précédentes. Les complexes et schémas subsistent de vie en vie. Les Allegations de Souvenir des Vies Antérieurs (ASVA) permet alors de confirmer certains problème mais c’est dans cette vie qu’il faut opérer un changement d’orientation.
3. Les fantasmes originaires et les fantasmes archaïques
La psychanalyse s’est engagée dans la recherche des fantasmes originaires (noyaux névrotiques autour desquels se cristallisent des images marquantes) :
- la séduction : explication imaginaire de l’origine de la sexualité. Freud voit l’origine de ce fantasme imaginaire dans la scène réelle d’un viol subi dans l’enfance.
- la castration : origine de la différence des sexes (tout individu est primitivement pourvu d’un pénis, la femme, vivrait inconsciemment, dans l’angoisse d’avoir été castrée et serait motivée par le désir de récupérer le pénis perdu (qui se traduit dans le conscient par une volonté floue de combler un manque) ; et l’homme dans celle du risque d’être et donc motivé par le désir inconscient de le préserver (désir qui se traduit dans le conscient par une “lutte d’honneur”). Le cannibalisme sont des formes archaïque de la castration.
- la scène primitive : rapport sexuel entre les parents du sujet, que le sujet apercevrait en l’interprétant comme agression de la mère par le père. Tous les trous peuvent être pris pour un sexe. Lorsque la scène primitive est vécue comme un viol anal bestial, les configuration sado-masochistes sont fréquentes. Dans les cas d’homosexualité la sodomisation peut-être vécue avec l’étron comme pénis anal. La bouche est souvent investie par les filles qui demandent si elles vont tomber enceintes après avoir embrassé sur la bouche.
- les souvenirs-écrans : roman familiale (fantasmes d’adoption, père imaginaire, jumeau caché, substitution d’enfant)
- et d’autres fantasmes archaïques : énigme majeure qui permet la remontée la plus profonde vers la source de l’être.
Pour Freud, les fantasmes ne sont pas liés aux pathologies mais sont constitutifs de la personne. Ce qui est pathogène c’est leur fixité. Il alors préférable (grâce au rêve éveillé par exemple) de les voir pour s’en séparer sans pour autant chercher leur manifestation dans la réalité. Idem pour la matrice de Grof, qui conditionnerait chacun dans un type de vie, certaines étapes de l’accouchement sont simplement des fantasmes constitutifs de l’être.
4. Le modèle transpersonnel
Il revient au modèle transpersonnel de corriger la distorsion provoquée par la psychanalyse qui a refoulé le sublime et les valeurs pour ne voir l’homme qu’à travers ses bas-fonds. Comme l’a dit Freud lors de sa 31° conférence, les processus thérapeutique ont des rapports avec les pratiques mystiques.
Les différents niveaux des rapports entre conscient et inconscient :
- l’inconscient : le premier esprit est de niveau inconscient (l’animal, le nourrisson, l’évolution de toutes choses est régit par l’inconscient). Le subconscient est ce qui n’est pas présent à la conscience mais peut le devenir alors que l’inconscient ne peut le devenir qu’avec la psychanalyse. L’inconscient n’est pas tout ce qui refoulé, mais ce qui est refoulé est inconscient. Il y a donc l’inconscient refoulé et l’inconscient primitif (« ground-unconscious ») qui est la partie saine, l’esprit avec lequel nait l’enfant avant qu’il ait commencé à refouler. Il contient l’histoire de la civilisation humaine, les valeurs (liberté, égalité, justice, amour, réalisation, dépassement…). C’est cet inconscient créatif que cherche à contacter l’analyste rêve-éveillé.
- La conscience : elle n’est pas un état immuable, elle fluctue entre le semi-conscience (au réveil, à l’endormissement, ou en état de fatigue ou d’ivresse…), la conscience ordinaire.
- Le surconscient : état de conscience élargie de son corps uni à l’ensemble de l’univers, conscience de sa véritable nature (les mystiques nous ont montré ce que pouvait devenir l’homme). La méditation et la transe permettent d’atteindre ces niveaux supérieurs de conscience, qui est un état de conscience sans moi puisqu’il dépasse l’illusion du petit moi. Les drogues simulent cet état au prix de la dépendance et de la destruction.
4 niveaux de conscience :
- le « ça » : c’est ce qui est refoulé, actif, vital, infantile, alogique, sexuel. Il est composé de noyaux pathologiques et névrotiques mais également de la pulsion de réalisation du à son hérédité psychique qui tend à son plein achèvement. Il correspond à l’état de potentialité dans le nouveau-né, à son « destin ». Ce potentiel de réalisation se manifeste dans les aptitudes artistiques, mathématiques, sportives…le but de toute psychothérapie doit être de retrouver le contact avec cette pulsion saine et créatrice que la psychose a bloqué ou que la névrose à inhibé.
- Le « Moi » : c’est l’image mentale du corps, il a une fonction de synthèse pour les processus d’apprentissage, d’imagination, de raisonnement. L’illusion d’autonomie, en tant que personne sujet de droit, séparé du reste de l’univers, n’est qu’une vision réductrice et étroite qui nous empêche de voir notre véritable nature.
- Le « Surmoi » est une sorte d’instance morale (jugement constant au nom du bien et du mal) et judiciaire (punition/récompense), problématique chez les névrosés, car il punit cruellement le moi. Il ne faut pas confondre le surmoi (archaïque et sadique) avec le sens des valeurs et l’étique personnelle, qui engendrent les actions de la civilisation humaine qui nous sortent de la bestialité primitive. Pascal « La vraies Morales se moque de la morale ».
- Le « Pole de réalisation » : il dirige et aimante les réalisations personnelles. A ne pas confondre avec le « Moi idéal » de Freud forgé sur le modèle du narcissisme infantile qui correspond à l’Ego ou petit moi égoïste, orgueilleux et colérique. L’idéal du moi proche du surmoi apparaît comme la convergence du narcissisme et des identifications aux éducateurs et aux idéaux collectifs. Or le narcissisme accroit les exigences du moi qui reste dans l’illusion de l’ego dont il ne peut provenir rien de bon, et favorise le refoulement.
- Le « Pole de réalisation » est dynamique dans le sens où il trouve son origine et sa pulsion dans le potentiel de réalisation et l’innéité des valeurs du « ça ». Il est le résultat d’un conflit entre le petit moi castrateur et complexé et l’état transpersonnel qui mène au sacrifice du moi.
- Il est topique (se rapporte exactement à la chose dont il s’agit) car il se trouve au somment de l’appareil psychique comme son achèvement et son couronnement qui assure la coordination et l’orientation de l’ensemble. Il n’engendre aucun refoulement car il est plus admiré que redouté. Comme le soleil il peut n’être que temporairement caché par les nuages.
- Il est économique : il réunit tous les investissements (motivations et efforts) pour les conduire vers le Pole. Il récupère l’énergie du « ça » positif et créatif, des valeurs présentes dans l’esprit originel (des valeurs pour lesquelles on est prêt à donner sa vie)
Le pole de réalisation altruiste se bat avec le moi aux motivations égoïstes. La topique du transpersonnel en psychothérapie étudie et influence ce combat.
Pour conclure ce module, je retiendrais personellement que « La mort n’est pas terrifiante au point qu’il faille rester dans une folie de mouvements et de bruits. »
Anne-Laure
Septembre 2015, j’ai reçu le certificat supérieur d’études transpersonnelles après avoir étudié pendant 9 mois, les 9 modules du programme de l’Institut de psychologie transpersonnelle. Pour chaque module, j’ai rendu une synthèse qui a été validée par le président de l’institut Marc-Alain Descamps, Docteur en Psychologie, psychanalyste rêve-éveillé, et professeur de Hatha Yoga & Yoga Nidra. Je partage avec vous la partie 8« Les psychothérapies transpersonnelles » du module 3 « Le transpersonnel et la psychothérapie ».
Commentaires récents